Contexte
L’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest de 2013 à 2016, la plus importante et la plus complexe depuis la découverte du virus en 1976, a tout particulièrement touché la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. La propagation rapide de l’épidémie a montré la nécessité de renforcer leurs systèmes de santé, fragiles notamment en termes de surveillance, d’alerte et de réponse des foyers infectieux.
Lancé en 2014, le projet WARDS a doté la CEDEAO d’un mécanisme de surveillance épidémiologique, d’outils performants de détection précoce, de ressources humaines qualifiées pour la riposte et de dispositifs de communication pour l’action. Le projet a permis de mettre en place, d’équiper et de rendre fonctionnels 60 centres de santé épidémiologiques dans les 15 pays de la CEDEAO.
Dans la continuité de ce projet et pour prévenir ou apporter une réponse appropriée à de nouveaux phénomènes épidémiques et autres urgences de santé publique, les pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé, avec le soutien financier de la Banque mondiale, ont mis en place le Projet Régional pour le Renforcement des Systèmes de Surveillance des Maladies en Afrique de l’Ouest (REDISSE), qui vise à renforcer les systèmes de surveillance et de riposte des pays de la CEDEAO.
Dans le cadre de ce programme régional, l’OOAS a souhaité poursuivre la mise en place de Centres de Surveillance Epidémiologique (CSE) au niveau des districts de santé. La Fondation Mérieux et le Centre de Coopération Internationale pour la Santé et le Développement (CCISD) ont ainsi été mandatés pour renforcer les districts sanitaires en capacité de surveillance intégrée des maladies.
Le CCISD, fort de son expérience de formation en épidémiologie de terrain, et la Fondation Mérieux travaillent en étroite collaboration pour la mise en place des CSE dans les pays identifiés par l’OOAS.
Objectifs
Objectif général
L’objectif du mandat de la Fondation Mérieux sur REDISSE est de renforcer les capacités des laboratoires de districts sanitaires dans les pays de la CEDEAO, notamment pour :
- Renforcer les compétences en matière de diagnostic et de confirmation biologique des responsables de laboratoires ;
- Améliorer la surveillance épidémiologique et les capacités de riposte des laboratoires de districts.
Objectifs spécifiques
Dans le cadre de REDISSE, les objectifs spécifiques de la Fondation Mérieux sont de :
- Renforcer la formation des techniciens et techniciennes de laboratoires évoluant dans les districts sanitaires des pays ciblés ;
- Identifier les besoins en équipement des laboratoires et former le personnel à la maintenance du matériel ;
- Mettre en place un mécanisme de contrôle qualité pour les analyses réalisées dans les laboratoires ;
- Appuyer la mise en réseau des laboratoires pour le contrôle de la qualité par les pairs.
Activités
Le projet REDISSE s’organise autour de cinq types d’activités :
- Audit et évaluation des laboratoires : réalisation d’une grille d’évaluation, visite des laboratoires, rédaction d’un rapport d’audit et organisation d’un atelier de restitution ;
- Formation de techniciens de laboratoires : utilisation des modules développés dans le cadre du projet RESAOLAB et disponibles dans les trois langues d’intervention, formation de formateurs nationaux puis organisation de sessions de formation délivrées par ces formateurs auprès du personnel de laboratoire et enfin formation de techniciens à la maintenance des équipements de laboratoire ;
- Supervisions formatrices : accompagnement des laboratoires dans la mise en pratique des formations et diffusion des rapports de supervision aux autorités nationales ;
- Mise en place du management de la qualité : mise en place de mécanismes de contrôle de la qualité et mise en réseau des laboratoires pour les contrôles qualité ;
- Organisation d’une rencontre régionale finale pour la consolidation du réseautage national des laboratoires.
Réalisations
Phase 1 (2017-2019) : Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Sierra Leone, Togo
La première phase du projet concernait cinq pays : la Guinée et le Togo, la Sierra Leone, et le Liberia et la Guinée-Bissau.
Au total, ce sont 47 laboratoires qui ont bénéficié de l’appui de la Fondation Mérieux dans ces cinq pays.
Phase 2 (2020-2022) : Bénin, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria
La deuxième phase du projet concerne cinq pays : le Bénin et le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Nigeria.
Au cours de cette phase, 53 laboratoires vont être identifiés avec les ministères de la Santé des pays pour la mise en place des CSE.
Témoignage de Marie Bropleh
« Les 14 jours de formation ont eu un réel impact sur ma vie et ma carrière. Pendant cette formation, j’ai appris l’importance de mon rôle au sein du laboratoire. J’ai été formée sur les principales maladies à potentiel épidémiques comme la rougeole, le choléra, la shigellose, la méningite, E. coli, etc. J’ai appris l’importance de la biosécurité et la biosûreté au laboratoire et à la maison. […] Nous avons également abordé les équipements, la maintenance et la gestion des données. Avant la formation, je m’occupais uniquement de l’une des maladies à potentiel épidémique : la maladie à virus Ebola. »
« Après la formation, je suis maintenant de retour dans ma structure avec une toute nouvelle mentalité. Grâce à mes nouvelles connaissances […] en tant que gestionnaire de données, j’ai tout d’abord préparé un fichier sur la microbiologie, que j’ai désormais intégrée à mon reporting. J’ai également créé un fichier pour suivre les cas sous surveillance à l’Hôpital de Redemption. Après avoir compris que les données peuvent faire la différence, j’ai décidé d’aider le laboratoire à créer un fichier pour l’hématologie. Ce fichier aide désormais les médecins à suivre les résultats de leurs patients. Avec l’aide de mon superviseur, M. Mohammed A. Bah, qui a également suivi la formation, nous avons pu créer un espace dédié à la collecte d’échantillons qui était auparavant faite dans la pièce principale du laboratoire. »
« Cette formation m’a aussi aidée à connaitre les bonnes et les mauvaises pratiques dans un laboratoire. Aujourd’hui, je peux dire à mes collègues ce qu’il faut faire et ne pas faire. Parfois, je supervise aussi les collecteurs d’échantillons (« Riders for Health ») qui viennent à Redemption pour l’emballage des échantillons envoyés à d’autres structures. Cette formation n’a pas seulement amélioré mes connaissances au travail mais aussi à la maison. Je sépare mes déchets à la maison et je sais maintenant comment les gérer. »
Marie BROPLEH
Gestionnaire de Données de Laboratoires affectée à l’Hôpital Redemption par l’Institut National de Santé Public du Libéria (NPHIL)
Partenaires
Financiers :
- Banque mondiale via l’Organisation Ouest Africaine de la Santé
Opérationnels :
- Ministères de la Santé des pays impliqués
- Centre de Coopération Internationale en Santé et Développement (CCISD)