Historiquement engagée au plus près des acteurs de terrain dans la lutte contre les maladies infectieuses, la Fondation Mérieux s’est mobilisée dès les premières alertes épidémiques pour apporter une aide adaptée aux pays en développement avec lesquels elle travaille.

Signalée pour la première fois le 31 décembre 2019 à Wuhan en Chine, la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a rapidement pris des proportions épidémiques à l’international et déstabilisé les systèmes de santé parmi les plus robustes. Fidèle à son engagement en faveur de la santé publique des pays en développement, la Fondation Mérieux s’est organisée, en lien avec ses partenaires, pour répondre à la crise. À travers l’envoi massif de tests de diagnostic, le lancement ou l’élargissement de projets et l’accompagnement des autorités de santé locales, la Fondation a fait de la lutte contre la COVID-19 une priorité.

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Pour soutenir ses pays d’action, la Fondation Mérieux s’est mobilisée dès le début de l’épidémie de COVID-19, quelles actions ont été développées en priorité ?

Florence Pradel : La Fondation Mérieux s’est mobilisée dès janvier 2020 pour apporter un soutien au diagnostic de la COVID-19 à ses laboratoires partenaires dans les pays à ressources limitées. En l’absence de kits commerciaux disponibles, nous avons choisi deux options différentes, afin de répondre à la demande : un kit développé par le Laboratoire Christophe Mérieux à Bejing et un kit développé par le Laboratoire de la Charité en Allemagne, avec le soutien d’EVAG pour la distribution de contrôles pour les tests.

Nous avons en parallèle rédigé tous les manuels de procédure (SOP) correspondants aux différentes étapes du test de diagnostic et organisé des réunions en visioconférence avec les différents sites pour présenter ces SOP et répondre aux questions.

Valentina Picot : En plus du renfort du diagnostic, il nous paraissait important de lancer en parallèle des études de recherche, particulièrement en lien avec les schémas de transmission du SARS-CoV-2 en milieu hospitalier pour répondre à un certain nombre d'inconnues liées à ce sujet.

Nous avons donc développé en partenariat avec les Hospices Civils de Lyon (HCL) un protocole de recherche : une étude prospective non interventionnelle en milieu hospitalier appelée NOSO-COR, et nous l’avons proposé aux unités de recherche de nos réseaux dans 7 pays sur le terrain ainsi qu’à 8 CHU en France.

Comment s’est déroulée cette mobilisation d’urgence dans un contexte international complexe ?

Florence Pradel : Durant ces mois de travail intense, nous avons fait face à des moments de grande solitude lorsque par exemple il nous a fallu résoudre des problèmes logistiques pour lesquels nous n’étions pas formés. Les frontières et vols internationaux se sont peu à peu fermés, les pays se sont confinés selon des calendriers différents.

Il nous a fallu trouver rapidement des solutions pour permettre l’acheminement des kits à nos pays partenaires et nous avons donc beaucoup appris sur tous ces aspects que nous ne maitrisions pas.

Valentina Picot : Pour développer le protocole NOSO-COR, il était nécessaire de mobiliser les équipes sur le terrain, faire enregistrer l’étude, la faire approuver au Comité d’éthique en France et dans les pays d’implémentation. Toutes ces étapes représentent des process longs et complexes, particulièrement en situation de crise comme la pandémie de COVID-19. Malgré la fermeture des frontières et le confinement dans de nombreux pays, nous souhaitions lancer le protocole avant que l’épidémie ne gagne du terrain. Il a fallu redoubler d’efforts et nous avons pu compter sur l'incroyable mobilisation et le soutien d'un certain nombre de nos partenaires locaux pour soutenir le projet et assurer sa mise en œuvre malgré les difficultés du contexte.

Quels sont les résultats de ces opérations ?

Florence Pradel : Nous avons pu renforcer les capacités diagnostic de 13 pays d’Asie du Sud-Est, d’Afrique, d’Amérique du Sud, et des Caraïbes, à un moment où la crise sanitaire s’était particulièrement accélérée et où les tests diagnostic, outil indispensable pour maitriser l’épidémie, manquaient au niveau international.

A ce jour, nous avons donc réalisé 24 envois vers 13 pays, correspondant à :

• 60 kits d'extraction (soit 15 000 extractions d'échantillons)
• 133 kits RT-PCR (permettant de réaliser plus de 10 000 tests), ainsi que des amorces et sondes pour l'équivalent de 17 000 tests.

Ce besoin initial est maintenant beaucoup moins important, notre équipe se consacre surtout désormais à l’organisation des contrôles externes de la qualité pour les Laboratoires Rodolphe Mérieux, très actifs au niveau national dans le diagnostic de la COVID-19.

Valentina Picot : A partir du mois de mars, l’étude s’est lancée progressivement dans les différents pays ciblés, elle est aujourd’hui menée sur 7 sites différents (4 en Afrique, 1 au Moyen-Orient, 1 en Asie, 1 en Amérique latine).

Avec les données qui seront générées par cette étude multicentrique, nous serons en mesure de mieux comprendre la prévalence de la maladie dans les sites participants et plus particulièrement les chaines de transmission, mais aussi d’évaluer l’impact des différentes mesures de prévention mises en place dans le milieu hospitalier.

Ces données s’avèreront précieuses pour la crise sanitaire que nous traversons actuellement mais également plus largement pour le contrôle des infections à l’hôpital.