Projet

Atelier de restitution du projet TRIuMPH : renforcer la surveillance de la résistance antimicrobienne à Madagascar

25 mai 2025 - Antananarivo (Madagascar)

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Du 14 au 16 mai 2025, l’Hôtel Carlton d’Antananarivo a accueilli l’atelier de restitution du projet TRIuMPH (TRIcycle Upscaling Monitoring for Public Health), une étape majeure dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens (RAM) à Madagascar. Cet événement, organisé par le Centre d’Infectiologie Charles Mérieux (CICM) et la Fondation Mérieux, a réuni de nombreux partenaires nationaux et internationaux représentant les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale.

Salle de conférence avec des participants debout en groupe devant des roll-up des institutions présentes

Les participants à l’atelier de restitution

Un projet One Health ambitieux et structurant

Démarré en juin 2020, le projet TRIuMPH avait pour objectif d’adapter et étendre le protocole TRICYCLE à l’échelle nationale, en vue d’une surveillance intégrée de la RAM. Grâce à des méthodes simplifiées et harmonisées, le projet s’est centré sur Escherichia coli, utilisée comme espèce indicatrice des bactéries multirésistantes. Présente dans la santé humaine, la santé animale et l’environnement, E. coli a permis d’évaluer, de manière cohérente, la circulation de la RAM à travers les trois piliers du concept One Health. L’amélioration du protocole Tricycle inclut également la recherche des Entérobactéries produisant le carbapénémase (CPE) toujours dans ces trois secteurs.

Résultats marquants d’une surveillance nationale tripartite

Les résultats présentés ont mis en lumière la circulation inquiétante d’E. coli BLSE dans l’ensemble des secteurs étudiés :

  • 28,8 % de portage chez les femmes enceintes ;
  • 72,1 % de positivité dans les élevages avicoles commerciaux ;
  • Une présence constante dans les eaux usées, fluviales et d’abattoirs.

Des souches de CPE ont été détectées dans tous les milieux, confirmant la dissémination intersectorielle de gènes de résistance.

Vers la pérennisation d’un système de surveillance durable

Les discussions et la table ronde modérée par le Pr Luc Samison, Directeur du Centre d’Infectiologie Charles Mérieux, ont souligné l’importance de capitaliser sur les acquis du projet pour intégrer la surveillance de la RAM dans la routine des laboratoires malgaches. Plusieurs recommandations fortes ont émergé :

  • Pérenniser les outils TRICYCLE/TRIuMPH comme système sentinelle national.
  • Développer une plateforme nationale de données RAM impliquant tous les acteurs (santé, élevage, environnement).
  • Renforcer les capacités des laboratoires, tant au niveau des ressources humaines que des équipements ainsi que l’approvisionnement en consommables et réactifs.
  • Associer les décideurs dès la phase de conception des projets afin de favoriser leur appropriation et leur intégration dans les politiques publiques.

Le Dr Rakotomalala, médecin vétérinaire au ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, souligne l’impact concret de l’atelier TRIuMPH sur la lutte contre la RAM à Madagascar : « L’atelier de restitution du projet TRIuMPH a renforcé la lutte contre la RAM à Madagascar en apportant des échanges précieux entre acteurs, notamment dans le secteur vétérinaire. Ces partages d’expériences permettent de s’inspirer d’autres pratiques, d’en discuter, et d’envisager des améliorations concrètes dans nos approches. »

Pr Samison Luc, Directeur du Centre d’Infectiologie Charles Mérieux, a salué la dynamique intersectorielle engagée autour de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens (RAM) à Madagascar : « L’aspect fédérateur de cet atelier est à souligner car il a vu la participation des différents points focaux de la lutte contre la RAM à Madagascar notamment ceux du ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène, celui de l’Environnement et du Développement durable, et celui de l’Élevage et de l’Agriculture. La direction de DEPSI du ministère de la Santé publique a été également présente. En outre, les autres institutions partenaires de recherche telles que l’Institut Pasteur de Madagascar, les centres hospitaliers de différentes régions, les différentes sociétés savantes de Madagascar et bien d’autres acteurs. Tous se sont accordés sur le fait de la nécessité de renforcement de la surveillance et de la recherche contre la RAM pour fléchir sa courbe d’extension. Le Centre d’Infectiologie Charles Mérieux reste disponible pour toute collaboration future et s’engage à aider les ministères dans cette lutte contre la pandémie silencieuse. »

À propos du projet TRIuMPH

Le projet TRIuMPH est le fruit d’un partenariat international réunissant des institutions de santé publique, des laboratoires de recherche et des centres de formation de Madagascar, des Pays-Bas, de France, de Malaisie et du Pakistan. Il a été mis en œuvre grâce au soutien de bailleurs de fonds majeurs, en particulier de l’agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida), qui a financé le programme JPIAMR dans le cadre duquel le projet a été conduit à Madagascar.

Ce projet s’est également appuyé sur l’engagement de partenaires scientifiques et académiques clés, tels que la Fondation Mérieux, l’Université Paris Cité, Utrecht University, l’Institut de Recherche Médicale de Malaisie, le National Institute for Public Health and the Environment (Pays-Bas), l’Inserm, ainsi que le réseau RESAMAD. À leurs côtés, de nombreuses autres institutions engagées en faveur de la santé publique ont contribué à une dynamique collective fondée sur une approche intégrée One Health.

En mettant en œuvre une approche simplifiée et intégrée de la surveillance de la résistance antimicrobienne, TRIuMPH a démontré la faisabilité d’un modèle transférable, durable et intersectoriel, au service des politiques nationales de santé publique.

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