Événement

Cambodge : séminaire sur la résistance aux antibiotiques

23 janvier 2012 - Phnom Penh (Cambodge)

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Le premier séminaire sur les résistances aux agents anti-infectieux s’est déroulé à Phnom Penh du 16 au 18 novembre 2011.

Il a été organisé par le ministère de la Santé cambodgien en collaboration avec le SHCH (Sihanouk Hospital Center of Hope, Cambodge) et l’ITM (Institut of Tropical Médecine, Belgique), avec l’appui également de l’OMS, de la Fondation Mérieux, l’URC Cambodia (University Research Co.) et de DMDP (Diagnostic Microbiology Development Programme).

L’observation de bactéries résistant à tout antibiotique couramment disponible (pour exemple, la New Dehli Metallo-β-Lactamase 1 (NDM-1) en Inde) et leurs capacités de propagation rapide à travers le monde a mis en lumière des phénomènes de résistance aux agents anti-infectieux. La rapidité de dissémination de ces enzymes ainsi que la prescription en masse sans réelle indication thérapeutique des antibiotiques contribuent à accentuer ce phénomène de résistance. Les pays en développement y sont particulièrement touchés.

Au Cambodge, la sensibilisation des acteurs de santé à la résistance aux antibiotiques s’est accrue. En effet, depuis quelques années se sont développés dans le pays des laboratoires de microbiologie qui réalisent des cultures bactériennes, des antibiogrammes et de la formation des techniciens et des médecins sur l’utilisation correcte de ce nouvel outil diagnostic. Toutefois, peu de données étaient jusqu’à présent disponibles quant à l’écologie des résistances du pays.

Ainsi s’est déroulé à Phnom Penh du 16 au 18 novembre 2011 le tout premier séminaire sur les résistances aux agents anti-infectieux organisé par le Ministère de la Santé cambodgien en collaboration avec le SHCH (Sihanouk Hospital Center of Hope, Cambodge) et l’ITM (Institut of Tropical Médecine, Belgique), avec l’appui également de l’OMS, de la Fondation Mérieux, l’URC Cambodia (University Research Co.) et de DMDP (Diagnostic Microbiology Development Programme). Ce congrès avait plusieurs objectifs :

  • compiler et présenter les données actuelles des résistances des différents laboratoires du pays,
  • dispenser une formation pratique et théorique sur les techniques d’identification bactérienne d’hygiène et de sécurité aux techniciens,
  • favoriser les échanges et interactions entre les différents intervenants (politiques, médecins, biologistes, techniciens, etc.),
  • et planifier les actions à plus long terme.

Dix laboratoires de microbiologie de recherche et diagnostic (Takéo, Kompong Cham, Battambang, Phnom Penh, etc.) ont présenté tour à tour leurs données, ces résultats donnant une tendance des taux de résistances au Cambodge. Il a ainsi pu être énoncé que 30 à 50 % des Escherichia coli produisent des β-Lactamases a Spectre Étendu (BLSE, bien connues pour leur aptitude à disséminer rapidement en milieu hospitalier), 60% des pneumocoques présentent une sensibilité diminuée aux pénicillines (PSDP), 20 à 40 % des Staphylocoques dorés sont meticillino-résistant (SARM), et que 70 % des Salmonella Typhi ont une sensibilité diminuée aux fluoroquinolones et sont multirésistants.

Devant ces chiffres alarmants, le ministère de la Santé a rappelé les principes de l’usage rationnel des médicaments en milieu hospitalier et a présenté les programmes nationaux de contrôle des infections et de renforcement des laboratoires. Les mécanismes de résistances ont également été clairement expliqués ainsi que la notion de pression de sélection des germes aux antibiotiques.

Ces journées ont permis un réel partage d’informations et de connaissances entre tous les acteurs de santé et ainsi de déterminer plusieurs pistes de travail pour le futur telles que la création d’un réseau des laboratoires du Cambodge, l’établissement d’un plan national pour combattre les résistances, la rédaction d’un guide d’aide à la prescription rationnelle d’anti-infectieux. Finalement, ce travail aura contribué à une sensibilisation des autorités et professionnels de santé, mais aussi de l’opinion publique sur les résistances aux antibiotiques et les risques que représente un tel mésusage de ces médicaments.

Caroline Leyer (VI Fondation Mérieux 2011-2012)

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